7 décembre 2010

Élection et mirage démocratique

On entend souvent que les élection sont signes de démocraties. Mais quand est-il des élections forcées comme celles que viennent de vivre la Côte d'Ivoire, le Burkina Faso ou encore Haïti?

Sur Abidjan.net, nous pouvons lire un article de l'AFP fort intéressant qui met en perspective différentes élections présidentielles où plus d'un candidat s'est déclaré vainqueur. L'article s'intitule : "Deux vainqueurs pour une élection: les précédents". On y trace très brièvement le cas du Togo, où le 10 juillet 1998, le président Gnassingbé Eyadéma est proclamé vainqueur de la présidentielle, alors que l`opposition considère son rival Gilchrist Olympio comme le véritable vainqueur". Mais aussi la Côte d'Ivoire de 2000, où "le chef de la junte, Robert Gueï, interrompt le processus électoral et se proclame président face à l`opposant Laurent Gbagbo. Celui-ci se déclare chef de l`Etat et appelle ses militants à descendre dans la rue. La garde présidentielle tire, faisant des dizaines de victimes, mais la gendarmerie, puis l`armée se rallient. La junte est chassée par un soulèvement et Gbagbo est proclamé vainqueur." Puis, le cas du Madacascar, où fin 2001, "le président sortant Didier Ratsiraka conteste la victoire de son rival, Marc Ravalomanana, au premier tour de la présidentielle. La confrontation dégénère en affrontements qui font plusieurs dizaines de morts." Pour ne citer que ces exemples africains. L'article par aussi du Honduras de 2005! Comme on peut le voir, au final c'est la population qui souffre, plus souvent qu'autrement les pauvres qui ne peuvent vraiment fuir.

La question que je me pose alors, c'est pourquoi forcer des élections quand les chances de dérapage sont élevées ? Dans cette perspective, les élections ivoiriennes de 2010 étaient potentiellement plus critique et risquée que celle de 2000?

En 2000, Gueï Robert et son gouvernement militaire a été accusé d'avoir volé les élections... au FPI (bien qu'il avait écarté le RDR et le PDCI). En 2010, ces deux partisants de la Majorité présidentielle (LMP) du président sortant qui font interrompre l'annonce des résultats par la Commission électorale indépendante (CEI) le 30 novembre. Nous pouvons d'ailleurs voir l'extrait sur France 24. Dans leur article intitulé: "Les Ivoiriens toujours en attente des premiers résultats", nous pouvons lire : "Mardi soir, la confusion régnait au siège de la Commission électorale indépendante ivoirienne (CEI), à Abidjan. Deux représentants du chef de l’État au sein de l’organisation ont empêché la proclamation des résultats provisoires du second tour de la présidentielle". Maintenant, la Côte d'Ivoire est au bord du gouffre, le spectre de la reprise de la crise se dessine. Deux présidents, deux premiers ministres, oui on peut en rire un peu et dire, comme je l'ai fait, que les ivoiriens innovent en ayant autant de chefs ou encore que personne n'a perdu ses élections en Côte d'Ivoire, puisque que tout le monde a eu son président élu! Mais au final, c'est dramatique.

Soyons relativement sincère. Pensions-nous que le "sortant" allait accepté si facilement de laisser un siège aussi confortable. Après presque 10 ans de crise, certaines blessures sont encore visibles, dont ce qui a en partie provoqué la crise en 2002. La xénophobie ou les commentaires/critiques de cette nature sont encore présents dans le pays. Les rebelles en zone CNO et les militiens pro-gouvernement à l'Ouest n'ont même pas encore été réellement désarmés!

Pour d'autres, les élections sont des mascarades. Pour Compaoré, président issu d'un putch contre Sankara, les électionss ont déjà réglé. Donc, pour le Burkina, l'exercice est peut-être plus proche de la mise en scène où les mouvements sont sus, bien orchestrés et controllés.

En Haïti, le vent demande du changement; normal quand on a vécu un horrible tremblement de terre, des innondations et maintenant une épidémie de choléra. Rue89 par des élections haïtienne Haïti comme étant "un laboratoire de catastrophes humanitaires". Le Monde.fr lui parle des élections en Haïti comme "les défis d'un pays en ruine". Malgré tout les élections se sont déroulés, avec de gravement manquements et peu de transparence. Pourquoi perdre le pouvoir?


Peut-être qu'une des exceptions récentes en matière d'élection présidentielle est la cas de la Guinée, qui après quelques craintes et frousses, un président élu vient d'être nommé et confirmé par son opposant. Voir Afrikaniyana du 3 décembre: La Guinée fait un pas en avant.

Je crois qu'il faut revenir aux bases du processus démocratique: les élections doivent servir les populations des pays concernés, pas les politiciens des pays donateurs.

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